This counter embodies the naive questions of childhood. How high can you count? The idea behind this question confronts the current reality of an individual’s value in a capitalist society, and the increasing importance of machines in our lives. Coded and running autonomously on a private server, this counter has been steadily increasing by one unit every second since its launch on October 20, 2023.
With it, I’m trying to give a radical answer to the simple question, which may have animated me as a child, by delegating the task to a machine, thus revealing even more the absurdity of the process. What does it mean to have our dreams realized by a computational entity? This counter will run until I myself am gone. It is unique, and all the instances of it on the internet or in exhibitions are the visualization of it updating.
Issu d’un souvenir d’enfance où il s’agissait de savoir jusqu’où il était possible de pouvoir compter. Cette idée avait la saveur de l’infinité de l’univers. 200 ? 1000 ? Ces chiffres qui apparaissent comme des horizons lointaines, ont pu fasciner et la possibilité d’un exercice sans fin, encore davantage. À l’âge adulte, compter est devenu un refuge contre les angoisses, les peurs nocturnes, lorsque la pensée se mue en un torrent irrépressible de craintes en l’avenir et de cauchemars récurrents. C’est un moyen de focaliser son attention sur une tâche rationalisante, capable de prévenir l’égarement de l’esprit.
Il est interrogé dans cette œuvre l’intérêt de réaliser un rêve d’enfance grâce à la machine. Ceci faisant écho aux fantasmes de résoudre les problèmes et aspirations d’émancipation de l’humanité par le déploiement technologique. Ce qui nous était inaccessible, nous semble maintenant proche, par procuration. Chaque seconde le compteur s’incrémente d’une unité. Jusqu’où sera-t-il capable d’aller avant ma disparition ? Quel sens donner au fait de faire compter la machine à ma place ? Dans une époque où nombre de nos actions peuvent leur être déléguées, l’idée d’engager un robot à réaliser le comptage rend le processus en lui même absurde. Il est transmis l’idée que nous serions, nous humain, plus nécessaire dans à la réalisation de nos rêves. How much can you count ? ou en français Jusqu’où peux tu compter ? crée un jeu de mot entre l’acte de comptage et la valeur de l’individu dans une société, où les machines prennent part de plus en plus dans nos espaces de réalisations collectifs et individuels. Où serait-on arrivé, comme pouvait le souhaiter Nancy Katherine Hayles, à une posthumanité qui au-delà d’une gadgétisation, nous incarnerions les technologies qui nous entoure? Aussi, compter pour se soustraire de ses craintes personnelles, n’est pas sans faire écho à l’accaparement de l’attention humaine par les espaces numériques. Godard disait du cinéma que c’était un oublie de la réalité. Ces mots résonnent dans notre rapport quotidien au numérique. À la manière du comptage pour s’extraire de la réalité et contourner une partie de ses angoisses, l’artiste s’engage volontairement à un accaparement de sa propre attention. Il déchargerait ici alors cette tâche abrutissante à un autre non-humain, rassuré par sa présence, il peut s’endormir paisiblement.